action
                                    idéologique

 

                                    NOUS
                                    ET LA
                                    FRANCOPHONIE

pp. 21-22


     Voilà un nouveau dossier que l'équipe de SOUFFLES soumet à la réflexion et l'action de tous.

     Pourquoi la Francophonie ?

     En mars 1970, à la 2e conférence de Niamey des Etats francophones, 14 pays africains (1) ont signé la convention portant création de l'Agence de Coopération francophone, en plus de la France, Luxembourg, Canada, Monaco, Ile Maurice, et Vietnam du Sud.

     D'autres pays africains entretiennent depuis toujours des relations avec les multiples institutions de la francophonie (voir plus loin les institutions de la francophonie).

     L idée d'une communauté francophone avait fait son chemin depuis les années soixante. Depuis 1962, elle avait trouvé en la personne de deux chefs d'état arabe et africain des animateurs énergiques. Dès lors, il ne se passa pas une année sans qu'un nouveau jalon soit posé en vue d'institutionnaliser la francophonie.

— 1966. Tananarive. Projet de la communauté francophone dans le cadre d'une réunion de l'O.C.A.M.

— 1967. Création à Paris de l'Association de Solidarité francophone.

— 1968. Création à Paris du Conseil International de la langue française.

     Réunion à Bruxelles des parlementaires de langue française.
     Réunion à Tunis du premier congrès de la jeunesse française.

— 1969. Conférence des ministres de l'éducation francophones à Kinshasa. Première conférence de Niamey des Etats francophones (2).

— 1970. Création à Niamey de l'agence de coopération culturelle et technique des pays francophones.

     Le président guinéen Sékou Touré a été un des rares chefs d'état africains à avoir dénoncé cette escalade de la francophonie en déclarant qu'il s'agissait d'une « tentative de trahison des intérêts africains traduisant la vieille volonté de maintenir dans l'exploitation les pays qui veulent se libérer de la colonisation » (3).

     Nous n'abordons pas, quant à nous, ce sujet parce qu'il faut se prononcer sur « les problèmes de l'heure ». L'année qui est en train de s'écouler a vu se dérouler au Maroc des luttes estudiantines et lycéennes capitales quant au contenu des remises en question et des dénonciations qui les motivaient. S'il est une caractéristique importante de ces luttes qu'on peut relever, c'est bien le contenu culturel avec tout ce que ce mot entraîne aujourd'hui pour nous comme prolongements idéologiques de combat.

     Jamais, autant que dans ces luttes, les mystifications de la francophonie ne sont apparues aussi claires, jamais la revendication d'un enseignement et d'une culture arabes populaires et de libération n'a été formulée avec autant d'insistance et de décision. Parallèlement, la menace de la francophonie n'a jamais paru aussi manifeste et sa signification aussi politique que depuis l'orientation nouvelle de la stratégie impérialiste vis-à-vis de la nation arabe.

     C'est à ces titres divers que nous avons jugé nécessaire d'ouvrir ce dossier en apportant quelques éléments de réflexion qui, nous l'espérons, amèneront un débat collectif.


                                                                                           SOUFFLES


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(1)     Burundi, Cameroun, Côte d'Ivoire, Dahomey, Gabon, Haute-Volta, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, Tunisie.
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(2)    Renseignements d'après un document paru dans le journal "Le Monde", 14-15 juin 1970.
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(3)    Op. cit.

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