souffles
numéro spécial 15, 3e trimestre 1969

union nationale des étudiants du maroc 13e congrès : motion sur la palestine
pp. 104-106

 

I) RAPPORT DU SIONISME AVEC L'IMPERIALISME

     Le sionisme apparut en tant que mouvement politique résultant du développement et de l'étroite liaison économico-politique de la bourgeoisie juive avec l'impérialisme (liaison de Rotschild avec le colonialisme français, déclaration Balfour, manoeuvres de l'impérialisme et du sionisme durant la période entre les deux guerres, guerres de 1947-1956-1967).

     Les aspects de l'alliance entre l'impérialisme et son instrument Israël sont basés sur le fait:

     - qu'une partie des capitaux, aux Etats-Unis comme dans les autres pays impérialistes, appartient à la bourgeoisie juive;

     - qu'une partie des capitaux investis dans le monde arabe (pétrole, mines, commerce... etc.) est d'origine sioniste.

     Ces deux aspects expliquent l'étroite liaison entre l'impérialisme et le sionisme, ce qui implique que la lutte contre Israël doit être liée à la lutte contre l'impérialisme.
 
 

II) LA QUESTION PALESTINIENNE ET LA SITUATION DANS LE MONDE ARABE

     L'analyse de la situation dans le monde arabe débouche sur la nécessité d'établir une stratégie pour une révolution démocratique dans une perspective socialiste en considérant la contradiction fondamentale qui oppose l'impérialisme et la réaction d'un côté, les masses populaires et la lutte armée de l'autre. C'est ainsi que la nécessité d'une guerre populaire de longue haleine dirigée par les paysans, les ouvriers, les intellectuels révolutionnaires s'impose comme l'unique solution révolutionnaire.

     La réaction arabe est objectivement liée à l'impérialisme et au sionisme compte tenu de leurs intérêts économiques. Cette alliance organisée apparut dès 1936 lors de la défaite de la révolution palestinienne et se confirma en 1948.

     - Bien que la révolution égyptienne ait constitué un événement historique qui modifia le contenu économico-social du mouvement de libération arabe, elle n'a pas réussi avec le concours des autres mouvements (Algérie-Irak-Syrie) à dépasser l'horizon et les buts des programmes économiques, politiques et sociaux de la petite bourgeoisie. La défaite du 5 juin 1967 a matérialisé cette réalité.

     - La défaite du 5 juin considérée en tant qu'événement historique n'est donc pas la conséquence d'obstacles et d'erreurs techniques, ni même de la trahison de certains éléments, mais de par son essence, ce fut l'échec de l'orientation des programmes et des plans de la bourgeoisie et de sa bureaucratie militaire; en aucun cas elle ne constitue une défaite des masses populaires.

     Parmi les conséquences apparentes de la défaite du 5 juin, on retient:

- l'évolution des formes et des moyens de lutte vers la lutte armée, les masses arabes étant définitivement convaincues que cette forme de lutte est l'unique solution du problème palestinien.

- l'évolution du mouvement des masses populaires sur le plan politique et idéologique.

- l'incapacité des directions bourgeoises à suivre cette évolution.

- le contenu national et libérateur de la lutte armée du peuple palestinien s'affirme.

- la réaction arabe, gardien fidèle des monopoles impérialistes et sionistes, a essayé de liquider la résistance palestinienne (décisions de la réunion au sommet de Khartoum, accord sur les résolutions du conseil de sécurité, accord sur la concertation des quatre grands, création d'organisations armées fantoches, appels au pacte islamique, «événements» de Jordanie et du Liban).

- le développement de la résistance armée a porté à leur paroxysme les contradictions internes de l'Etat d'Israël sur les plans économique, social et politique et a dévoilé la nature chauviniste du régime israélien aux yeux de l'opinion publique internationale.

     L'Union Nationale des Etudiants du Maroc considère que l'unité organisationnelle sur le plan militaire (commandement de la lutte armée) est une étape de première importance pour le passage d'une guerre de résistance à une guerre populaire de libération dont les horizons politiques et idéologiques sont clairs.

     - Le devoir qui incombe aux masses laborieuses arabes est de soutenir matériellement et politiquement l'action armée palestinienne.
 
 

III) LA QUESTION PALESTINIENNE EST UNE QUESTION NATIONALE

     La résistance palestinienne constitue un front contre l'impérialisme, le sionisme, et la réaction dans les conditions actuelles et représente à travers son action armée un des principaux noyaux de l'action libératrice des masses arabes. Le mouvement de libération au Maroc s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de lutte unitaire arabe. Par conséquent le problème palestinien doit être considéré comme un aspect national du programme de la stratégie de la révolution démocratique nationale au Maroc.

     Les intérêts de la classe féodale, bourgeoise et bureaucratique marocaine se trouvent souvent conformes à ceux du sionisme à l'intérieur du pays; c'est pour cela qu'elles adoptent divers modes de coopération directe et indirecte.

     Sur le plan économique: la bourgeoisie juive est présente dans les principaux secteurs économiques: mines, commerce, agriculture moderne, industrie, propriété foncière.

     Sur le plan politique: accord sur la résolution du conseil de sécurité, silence sur les projets des quatre grands, propagande pour le pacte islamique, silence sur la répression qui s'abat sur les résistants palestiniens, répression de toute acte de soutien du peuple marocain au problème palestinien.

     Sur le plan culturel: la présence de l'enseignement israélite, l'aide aux cadres juifs sionistes et l'encouragement à la pénétration de la culture sioniste et impérialiste.

     Sur le plan administratif: le champ est libre pour la bureaucratie sioniste aux postes de commande et pour les activités clandestines, telles que les fuites de personnes et de fonds.

     Dans ce contexte de crise politique que vivent les organisations progressistes au Maroc, ces forces ont été incapables de mobiliser «effectivement» les masses populaires pour dénoncer les positions défaitistes des classes réactionnaires. Elles se sont d'ailleurs contentées de l'appui matériel au peuple palestinien, adoptant par là des positions démagogiques. Ainsi, elles ont été politiquement incapables de montrer le lien objectif existant entre la question palestinienne et le problème national.

     Notre organisation l'UNEM, n'a pu non plus dépasser cette réalité politique comme en témoigne la non-application des décisions du 12" congrès concernant le problème palestinien (Comité-Palestine, l'aide matérielle régulière selon un pourcentage fixé sur les cotisations).
 

IV) LES TACHES IMMEDIATES

     Partant des principes cités ci-dessus et qui considèrent que la libération de la Palestine ne peut être réalisée que dans le cadre d'une stratégie globale pour la libération de la nation arabe de l'impérialisme, du sionisme et de la réaction, nous pouvons donc préciser notre mission militante qui suppose tout d'abord notre attachement au principe de critique et d'autocritique entre la résistance palestinienne et les forces progressistes arabes qui la soutiennent. Notre mission se résume dans les points suivants:

     1) Faire évoluer notre analyse de la question palestinienne en considérant le document joint à cette résolution comme document de base à approfondir et en faire le point de rencontre de l'opinion estudiantine.

     2) Utiliser toute les méthodes de propagande pour diffuser tout ce qui a trait à l'orientation de notre analyse du problème palestinien au sein des masses estudiantines et populaires.

     3) Mobiliser les énergies estudiantines à tous les niveaux et par tous les moyens, selon l'analyse de notre propre organisation, pour:

     a) combattre la pensée et la culture sioniste, impérialiste et réactionnaire.

     b) assurer l'aide matérielle de façon régulière.

     c) élever le niveau de lutte des masses estudiantines contre les positions opposées à la lutte armée palestinienne.

     d) créer des formes organisationnelles militantes permanentes parmi les étudiants et les masses populaires pour appuyer la révolution palestinienne.

     De même il est nécessaire d'inciter davantage les organisations estudiantines à travailler de nouveau à la lumière du projet que notre organisation a présenté sur l'unification du travail de ces organisations dans le cadre d'un programme qui soit au service de la révolution palestinienne sur le plan arabe et international.
 


Page suivante
souffles: sommaire du troisième trimestre 1969 ou sommaire général
Sommaire de ClicNet

souffles juillet 2000
cnetter1@swarthmore.edu
spear@lehman.cuny.edu