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l'enseignement dans les zones libérées du sud-vietnam

     Dans tout le Sud Viet-Nam, les Américains pratiquent une guerre de destruction sans précédent. Mme Mary McCarthy, une Américaine en visite au Sud Viet-Nam, se demande:

     « ...En voyant la guerre du haut des airs, parmi les « Skyraiders », les « Phantoms », les avions d'observation, les avions de la guerre psychologique (jetant des tracts), on se demande combien de temps les Vietcongs tiendront-ils encore ; le pays est si petit qu'au degré actuel des destructions il n'y aura bientôt plus d'endroit où ils pourront se cacher, même pas sous l'eau, en respirant au moyen d'une paille... » (1).

     Pourtant, la population mène sa vie quotidienne d'une manière régulière, non seulement au point de vue nourriture et logement, mais encore au point de vue moral. De pair avec le combat et la production, dans la zone libérée, la culture, l'enseignement et l'organisation sanitaire se développent.

     Les écoles et les classes de l'enseignement général ont toujours fonctionné depuis 1960, immédiatement après les insurrections en chaîne. Aujourd'hui, on compte dans la province de Quang Ngai 27.500 élèves dans l'enseignement général. Dans le district de Dien Ban (province de Duy Xuyen), non loin de Da Nang, certaines communes ont ouvert jusqu'à 18 classes d'enseignement général. Dans le district de Cai Lay (province de My Tho), de pair avec les offensives et les soulèvements généralisés, pendant les mois juillet-août 1968, on a ouvert 43 classes supplémentaires. A Cu Chi (province de Gia Dinh) et à Trang Bang (province de Long An), où l'ennemi s'est efforcé de créer des zones blanches, plus de 6.000 élèves suivent toujours leurs classes. A Ben Tre, lieu d'origine des insurrections en chaîne, on compte 16.400 élèves du 1er degré, 6.850 élèves du 2e degré ; en 1969, on commence à y bâtir des écoles du 3e degré. Ca Mau (avec 40.416 élèves) et Tra Vinh (avec 22.668 élèves) sont deux provinces qui ont beaucoup progressé par rapport à l'année précédente. Dans de nombreuses régions telles que les communes Tuan Hoi (Ving Long) et Xa Phien (Can Tho), 90 % des enfants qui atteignent l'âge scolaire vont à l'école.

     Des cours d'enseignement complémentaire sont créés pour les cadres et les combattants. L'enseignement complémentaire pour adultes est particulièrement bien organisé dans les services relevant du Comité Central du FNL. Au Nam Bo occidental, pendant l'année scolaire 1966-1967, le nombre de ceux qui suivent les cours complémentaires a augmenté de10.000. Nombreuses sont les régions qui ont leurs écoles d'enseignement complémentaire régulières pour les ouvriers et les paysans en vue d'améliorer le niveau d'instruction des cadres des provinces, des districts et des communes. La province de Quang Da a en permanence quatre écoles à l'échelon provincial pour les cadres des plaines aussi bien que ceux des montagnes. Dans plusieurs provinces du centre et de l'ouest du Nam Bo, se développent des écoles d'enseignement complémentaire pour les adolescents des familles ouvrières et paysannes. Dans toute région nouvellement libérée, naît aussitôt un mouvement d'alphabétisation et une fois l'analphabétisme liquidé, des cours d'enseignement complémentaire y sont largement ouverts pour la population.

     Chaque année, des dizaines de milliers d'enseignants sont formés pour répondre aux exigences de l'éducation. Dans l'année scolaire 1965-1966, on a formé au Nam Bo occidental 2.028 instituteurs d'enseignement général et 1.541 enseignants pour l'alphabétisation. La première Ecole normale a pour nom « Thang Tarn » (« Mois d'Août » — La Révolution vietnamienne a triomphé en août 1945). Ensuite, vient l'Ecole « Nguyen Van Troi ». Durant ces dernières années, on a ouvert dans le Trung Bo central et dans le Nam Bo occidental des Ecoles normales pour les montagnards et les ressertissants chinois. Le FNL s'attache particulièrement à élever le niveau culturel des minorités nationales: 17 ethnies ont maintenant leur écriture et des écoles qui enseignent dans leur propre langue.

     Malgré le manque de moyens et les nombreuses difficultés dues à la guerre, la commission de l'enseignement du Comité Central du FNL a rédigé pendant les dernières années des centaines de manuels scolaires (283 titres en 1965). L'imprimerie « Giao Duc Giai Phong » (Enseignement pour la Libération) a édité des dizaines de milliers d'exemplaires (200.000 en 1965). Chaque province développe ses initiatives dans l'imprimerie (on imprime sur pâte de farine, sur stencil, par la lithographie, etc...) pour se suffire dans une large mesure en matériel d'enseignement. La plupart des écoles dans les zones libérées enseignent suivant un programme commun, progressiste et scientifique. Elles profitent aussi des expériences des livres et du matériel d'enseignement du Nord. Dans des régions récemment libérées, les vestiges de l'ancienne éducation sont éliminés ou remaniés à fond.
                                                                                    (Texte tiré de « Etudes vietnamiennes »,                                                                                     No 23, 1970).

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(1)      « Vietnam », Mary McCarthy (Harcourt, Brace and World New York, 1967, p. 33).
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