pp. 25-29

comment le vietnamien est devenu
la langue de renseignement
en république démocratique
du nord - Vietnam

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     Comme notre pays tombait sous la domination française, la langue vietnamienne devenait à nouveau l'objet du mépris des autorités. Les colonialistes faisaient remplacer les caractères chinois par le français dans la paperasserie administrative. Ils obligeaient les élèves vietnamiens à apprendre le français depuis l'enseignement primaire et, pour comble d'ironie, l'histoire du Viet-Nam et même la langue vietnamienne étaient enseignées aux élèves vietnamiens par le truchement du français, tout comme les autres matières. Au cycle primaire supérieur, chaque semaine les élèves vietnamiens se voyaient bourrer le crâne d'une dizaine d'heures de littérature française, alors que la littérature vietnamienne disposait de deux ou trois heures seulement et encore c'était principalement pour obliger les élèves à étudier les œuvres des valets de la plume. A partir du cycle secondaire, la langue véhiculaire unique était le français. La langue vietnamienne était enseignée aux élèves vietnamiens comme langue étrangère, et encore comme deuxième langue après l'anglais, l'allemand ou l'espagnol. Les professeurs qui parlaient vietnamien pouvaient être poursuivis en justice. Il arriva une fois qu'un professeur de lycée donna à ses élèves certains éclaircissements en vietnamien après avoir expliqué la leçon en français : il fut immédiatement appelé au bureau du proviseur français qui menaça de le licencier.

     Si la langue vietnamienne était éliminée de l'école, elle était également traitée avec peu de respect dans la haute société. Le français était l'objet d'un culte excessif. Ceux qui parlaient français étaient considérés comme « instruits » et jouissaient du « prestige », tandis que le vietnamien était pris pour une langue de campagnards. Le français peu à peu devenait la langue parlée de tous les jours d'un certain nombre de personnes des classes supérieures, dont des déracinés et des gens ayant un complexe d'infériorité nationale. Certains étaient tellement déracinés que dans leur famille, enfants et parents, frères et sœurs se parlaient uniquement en français. Et nombreux étaient ceux qui mêlaient des mots français à la langue vietnamienne dans leur parler.

     Les colonialistes français nourrissaient le noir dessein de faire s'étioler peu à peu la langue vietnamienne et empêcher le développement de la culture et de l'éducation nationales. Mais ils n'y réussissaient pas. La langue vietnamienne, loin d'être anéantie, se développait chaque jour davantage. Héritière d'une tradition nationale millénaire de lutte, elle a remporté des succès continuels et éclatants. En dépit du mépris officiel réservé à la langue nationale, les livres, revues et journaux en vietnamien étaient florissants dans tous les domaines, économique, politique, scientifique, technique, etc. Malgré les limitations et la censure des colonialistes, des dictionnaires et des lexiques scientifiques ont vu le jour, quoique leur niveau fût encore rudimentaire.

     Les classes exploiteuses dirigeantes méprisaient la langue nationale et travaillaient à la faire remplacer par une « langue des nobles » ou une langue étrangère, mais la masse du peuple, elle, ne cessait d'entourer sa langue d'amour et de soins et de lui confier ses pensées, ses sentiments, ses aspirations et ses rêves exprimés dans des œuvres littéraires.

     Véritable représentant de la classe ouvrière et du peuple vietnamien, le Parti communiste indochinois naguère et le Parti des Travailleurs du Viet-Nam aujourd'hui ont joué un rôle extrêmement important dans le développement de la langue nationale. C'est le Parti qui a levé haut le drapeau du patriotisme, qui a forgé le sentiment de fierté nationale de toute une génération, qui a inculqué à chacun l'amour de la langue nationale qu'on devrait travailler à préserver, à enrichir et à embellir. Dès la fondation du Parti, toutes ses directives et résolutions, tous ses tracts et appels étaient rédigés en vietnamien. Les questions idéologiques et politiques y étaient présentées avec le vocabulaire des masses populaires. Des livres d'économie politique ou traitant du marxismeléninisme, écrits dans la clandestinité en vietnamien, circulaient secrètement dans tout le pays et exerçaient une profonde influence sur différentes couches de la population.

     Pendant les années du Front Viet Minh (1941-1945), l'Association des Travailleurs de la Culture pour le Salut national fut fondée avec d'autres organisations de salut national, pour activer la lutte sur les fronts culturel et idéologique. En 1943, les « Thèses sur la culture » du Parti virent le jour avec la devise: Pour une culture nationale scientifique et populaire. Elles ont éclairé la voie au développement ultérieur de la culture vietnamienne. A leur lumière, dans les écoles, furent formés des groupes d'étudiants ou d'élèves qui prirent entre eux l'engagement de ne pas parler français ou de ne pas mêler des mots français au parler vietnamien. Des étudiants de l'Université commencèrent à organiser des conférences en vietnamien et à composer des livres de philosophie en vietnamien. Des intellectuels patriotes lancèrent un mouvement pour l'édition des livres de science en vietnamien. Ces premières œuvres s'avéraient dans la suite d'une importance considérable, malgré leur utilisation immédiate limitée dans les différentes branches de la science, ceci pour la simple raison que les établissements scolaires et les instituts de recherches scientifiques étaient placés sous le contrôle des colonialistes.

     Dans l'œuvre d'édification de la langue nationale, le rôle du président Ho Chi Minh est d'une portée considérable. Il parle et écrit le vietnamien d'une manière simple, claire, concise, concrète, précise et facile à comprendre. Il a donné aux cadres un exemple vivant de la façon d'employer la langue maternelle. Il nous a toujours recommandé de préserver et de faire valoir la langue vietnamienne qui est un fonds national précieux, il nous a recommandé de veiller à la pureté de la langue vietnamienne comme l'on veille à celle de ses yeux, et là où l'on peut employer un mot vietnamien, il faut absolument s'abstenir d'employer un mot étranger à la place.

     Au moment où la résistance contre les colonialistes français se trouvait en pleine phase cruciale, dans les montagnes et les forêts du Viet Bac, cette base de la révolution où retentissaient encore les échos des victoires du Song Lo, de Bong Lau, etc., le camarade Truong Chinh lut son intervention sur « le Marxisme et la question de la culture vietnamienne ». C'est là une grande œuvre qui développe et complète les « Thèses sur la culture » du Parti publiées cinq ans auparavant, un phare qui aide le navire de la culture vietnamienne à glisser diligemment vers le cap de la victoire.

     Au nom du Parti d'avant-garde, le camarade Truong Chinh a fait naître une grande foi en la langue vietnamienne ainsi qu'en la culture nationale dans l'étape écoulée comme à l'avenir.

     La politique du Parti préconisant de donner à la langue vietnamienne la place qu'elle mérite a été activement mise en application depuis les années 40. On en trouve des illustrations dans les activités de l'Association pour la diffusion du « quoc ngu » (1), dans le mouvement pour l'édition des livres philosophiques et scientifiques en langue nationale, etc. Mais il a fallu attendre le triomphe de la Révolution d'Août et la prise du pouvoir par le peuple et l'établissement de la R.D.V.N. pour que le vietnamien ait une place digne de lui. Depuis lors, il est utilisé dans tous les domaines de l'activité sociale: politique, économique, militaire, artistique... Il est enseigné dans les écoles, depuis les classes maternelles jusqu'à l'enseignement supérieur. Il est devenu la langue officielle de l'Etat.

     Six jours après la proclamation de la République, le président Ho Chi Minh lança un appel à la lutte contre l'analphabétisme et le gouvernement décréta l'établissement du Service de l'Enseignement populaire dont les tâches étaient de veiller à l'instruction des masses et de faire acquérir à tous les citoyens la connaissance du « quoc ngu » en un minimum de temps.

     Depuis les premières classes d'enseignement populaire jusqu'au mouvement actuel des cours complémentaires culturels et techniques, nous pouvons être fiers que notre peuple, tout en menant la résistance et le combat pour la production, ait pu éliminer l'analphabétisme dans les plaines comme dans les montagnes. Si les quatre-vingts années de « civilisation » entreprise par les colonialistes français avaient pour résultat que 5 % seulement des Vietnamiens savaient lire et écrire, aujourd'hui sous la direction du Parti, le quart de cette période a suffi pour non seulement liquider l'analphabétisme parmi l'écrasante majorité du peuple, mais encore pour élever le degré d'instruction de chaque ouvrier, paysan et cadre au niveau des classes du premier et du deuxième cycle. De nombreux pays socialistes frères et de nombreux Etats nationaux d'Asie et d'Afrique ont affirmé qu'il s'agit là d'un prodige dû à l'excellence de notre régime démocratique. Ce prodige est d'autant plus remarquable que notre pays était arriéré du point de vue économique et culturel et venait à peine de briser les chaînes de la servitude, ce qui ne nous a pas empêchés de mettre immédiatement en application la politique du Parti préconisant l'emploi du vietnamien dans tous les établissements scolaires, y compris les écoles supérieures.

     Tout ne s'était pas passé au début dans des conditions idéales. De nombreuses difficultés surgissaient. Le vietnamien est riche en sons et en tonalités, il est capable d'exprimer des sentiments subtils et de traduire les multiples aspects de la vie ; mais son lexique était limité, il lui manquait des termes pour refléter une vie économique basée sur une industrie avancée comme pour exprimer certains concepts abstraits. Les revues et les livres scientifiques en vietnamien pouvaient se compter sur le bout des doigts. Se basant sur cet état de choses, certains soutenaient que l'emploi du vietnamien dans l'enseignement supérieur ne permettrait pas une étude poussée des sciences. Ils exigeaient qu'un dictionnaire du vietnamien et une grammaire perfectionnée de la langue fussent immédiatement mis à leur disposition, ils voulaient attendre que des lexiques de termes scientifiques et des manuels scolaires fussent composés en vietnamien.

     Dans ces circonstances, le Parti et le Gouvernement maintenaient ferme leur directive préconisant l'emploi du vietnamien même dans l'enseignement supérieur. D'une part, le ministère de l'Education citait à l'exemple ceux des professeurs qui s'appliquaient à enseigner en vietnamien. D'autre part, il éditait des bulletins spécialisés contenant des cours de mathématiques, de physique, de chimie, de biologie, etc., en vietnamien. Les dictionnaires scientifiques étaient remaniés et complétés pour parvenir à un vocabulaire au point.

     Après avoir étudié quelque temps par l'intermédiaire de la langue vietnamienne, la majorité des étudiants furent pleins d'enthousiasme. Ils se rendirent compte qu'avec la langue maternelle les cours sont faciles à retenir, à comprendre et à mettre en application. Aux examens de fin d'études universitaires en 1946, le ministère de l'Education prescrivit que les épreuves orales et écrites fussent complètement en vietnamien. Ce fut un premier point à l'actif, qui contribua à dissiper le scepticisme de ceux qui étaient habitués à enseigner et à étudier en français.

     De plus en plus, les étudiants trouvaient que les cours en vietnamien étaient relativement plus faciles à comprendre et demeuraient plus longtemps dans leur mémoire. Non seulement le temps consacré aux études était raccourci, mais encore les étudiants pouvaient exprimer leurs pensées et leurs sentiments plus aisément et plus complètement. Leur amour de la patrie et du peuple en était fortifié. Après un processus de recherches et de réflexions, de nombreux enseignants ont trouvé dans la langue maternelle des mots ayant une force d'expression puissante, capable de traduire dans toute leur profondeur des concepts scientifiques, y compris ceux des sciences naturelles. Par ailleurs, certains termes spéciaux nouvellement inventés en langue vietnamienne se sont avérés même plus précis que leurs correspondants employés dans les pays avancés. La raison en est que dans ces pays les termes en question avaient été inventés à un moment où la science mondiale n'avait pas encore atteint l'actuel niveau de développement, aussi ne pouvaient-ils pas traduire exactement le concept tel qu'il se présente à l'heure actuelle. Au contraire, ceux des pays qui maintenant seulement inventent leurs terminologies spéciales peuvent trouver des mots plus précis. Ceci rentre dans la loi qui veut que ceux qui viennent après profitent des expériences de leurs prédécesseurs et les dépassent.

     C'est grâce à l'emploi de la langue nationale que nous avons pu édifier un système d'éducation démocratique populaire solide en pleine résistance contre l'agression française. Pendant les années de résistance, de 1946 à 1954, non seulement plusieurs millions de personnes sont sorties de l'analphabétisme, mais l'enseignement général connaissait un développement continu.

     La réforme de l'enseignement de1950-1951 supprima tous les vestiges du système d'éducation colonialiste servile, et mit sur pied un système d'éducation entièrement nouveau, avec son triple caractère national, scientifique et populaire. L'enseignement général de neuf ans et comportant trois cycles a largement contribué à l'éducation de la génération nouvelle, à l'élévation du niveau culturel des masses laborieuses et à la formation des cadres. Nous pouvons nous enorgueillir du fait qu'au beau milieu de la résistance, le nombre des écoles d'enseignement général du 2e et du 3e cycle des trois provinces de Thanh Hoa, Nghe An et Ha Tinh à elles seules ait dépassé le nombre d'écoles correspondantes dans tout le Viet-Nam sous la domination française. Nous pouvons nous enorgueillir d'avoir réussi à former à temps, au service de la résistance, de nombreux médecins, ingénieurs, professeurs, techniciens possédant le niveau des études supérieures. Les cadres supérieurs ont, à leur tour, employé la langue vietnamienne pour guider et former une multitude d'autres cadres secondaires et primaires. Nous pouvons nous enorgueillir du fait que la langue vietnamienne a contribué à la victoire de la Révolution et de la Résistance et a grandi avec elles.

     Avec le rétablissement de la paix, l'enseignement en vietnamien dans les écoles a connu des conditions plus favorables. En 1956, d'un enseignement à caractère national et démocratique, nous sommes passés à l'édification d'un enseignement à caractère socialiste. Le système d'enseignement général de dix ans vit le jour. Tous les livres scolaires, des classes maternelles et de la 1er année jusqu'aux classes de 10e, furent composés et édités. Les cours des écoles supérieures, tous en vietnamien, furent imprimés et diffusés largement parmi les étudiants des classes régulières et des cours du soir.

     Si en 1939, dans toute l'Indochine composée des trois pays : Viet-Nam, Laos et Cambodge, il y avait eu seulement 500.000 élèves (dont la grande majorité appartenait aux classes primaires des 1re et 2e années) et 600 étudiants des écoles supérieures, en cette année scolaire 1966-1967 le Nord Viet-Nam socialiste à lui seul compte 3.300.000 élèves des écoles d'enseignement général (soit 6 fois le total des élèves de toute l'Indochine en 1939) et 46.429 étudiants des écoles supérieures (soit plus de 77 fois le total des étudiants de l'Indochine en 1939), sans compter à peu près 115.000 étudiants des écoles professionnelles secondaires, plus d'un million d'enfants fréquentant les classes maternelles et de onzième et plus d'un million de personnes suivant des cours d'enseignement complémentaire. Cette floraison de l'éducation socialiste est due pour une bonne part à l'usage du vietnamien dans les écoles.

     Le travail concernant les vocabulaires scientifique et technique a également enregistré des progrès remarquables. Grâce à l'aide du Comité d'Etat des Sciences et plus récemment celle du Comité d'Etat des Sciences sociales et de divers instituts de recherche scientifique, les cadres faisant des travaux de recherche ou enseignant les sciences dans les écoles supérieures ont, de pair avec les chercheurs des différents services, composé quinze lexiques de termes scientifiques et techniques englobant 250.000 mots possédant les critères suivants : être précis, proches du parler populaire et commodes dans les échanges internationaux.

     L'enseignement en vietnamien a poussé les services de l'enseignement à inventer des mots nouveaux. La langue vietnamienne s'en est enrichie. La pratique des années passées a montré que le vietnamien a toutes les qualités requises pour être employé dans les écoles, y compris les écoles supérieures et les écoles techniques. Il est une arme efficace dans l'édification du système d'enseignement démocratique populaire de naguère et du système d'enseignement socialiste de maintenant.

     Considérablement enrichi par rapport à la période d'avant la Révolution d'Août, le vietnamien n'en continue pas moins à faire l'objet de soins du Parti, du Gouvernement et du peuple qui cherchent constamment à le rendre toujours plus pur, plus riche et plus beau. Juste au moment où le président américain Johnson et ses lieutenants tenaient leur conseil de guerre à Honolulu (2) en vue d'intensifier l'agression au Viet-Nam, notre premier ministre Pham Van Dong participait à une Conférence de représentants des services de l'enseignement, de la culture, des arts et de la presse. Cette Conférence consacrait plusieurs séances de suite à la question de la sauvegarde de la pureté du vietnamien. Le Premier Ministre y a apporté ses vues précieuses. Il a souligné :

     « Nous devons procéder à une appréciation générale de notre langue pour en saisir la physionomie, la valeur et la finesse dans ses deux vertus : richesse et beauté, et pour se rendre compte de ses grandes possibilités de développement. Notre langue vietnamienne est très riche, de par la richesse de la vie aux mille aspects de notre peuple, sa vie intellectuelle et sa vie sentimentale. Elle est riche de par les expériences de lutte longues et fécondes, lutte de classe, lutte sociale, lutte contre la nature, lutte contre les invasions étrangères. Elle est riche de par les expériences de notre histoire quatre fois millénaire, les expériences dans l'édification et la défense du pays. Notre langue reflète la genèse de la société vietnamienne, celle de la nation vietnamienne, celle de la petite communauté (village, famille, parenté) et de la grande communauté (nationalité, nation). Notre langue est aussi très belle. La beauté de la lumière, celle de la nature peut se passer de définition. Nous qui sommes Vietnamiens, nous sentons, nous goûtons tout naturellement la beauté de notre langue, de la langue du peuple et de celle de nos grands écrivains. Cette richesse et cette beauté font la qualité, la valeur, la physionomie, la finesse de la langue vietnamienne, résultat de tout un processus et de combien de labeur... » (3).

     Sauvegarder la pureté du vietnamien, c'est sauvegarder cette richesse et cette beauté. Dans la réforme de l'enseignement, notre école a adopté de nombreux moyens et méthodes pour aider les jeunes générations à parler et à écrire le vietnamien de mieux en mieux. Dans le même sens, nous travaillons avec les nationalités minoritaires à inventer et à perfectionner les langues écrites des Thai, des Meo, des Tay-Nung et nous encourageons l'emploi de ces langues parallèlement au vietnamien dans la vie courante comme dans les écoles des régions montagneuses.

LA SITUATION AU SUD VIET-NAM

     L'expérience de la R.D.V.N. au cours de plus de vingt années dans l'édification d'un système d'enseignement complet a démontré que non seulement l'enseignement supérieur peut se dispenser en vietnamien, mais que les résultats en sont même excellents : de nombreux étudiants vietnamiens diplômés d'études supérieures allant à l'étranger pour des études complémentaires et des travaux de recherche ont pu présenter des thèses de doctorat ayant une valeur scientifique du niveau international.

     Au Sud Viet-Nam cependant, dans les régions occupées par l'ennemi, l'administration de Saigon empêche les étudiants vietnamiens d'étudier dans leur langue maternelle. Elle invoque les prétextes les plus divers. Elle prétend que la langue vietnamienne n'est pas encore en mesure d'exprimer des conaissances scientifiques modernes, elle avance que la langue n'est qu'un moyen, alors que la fin réside dans le contenu scientifique, que l'emploi du vietnamien fera baisser le niveau de la science et créera des difficultés pour renseignement comme pour l'étude, etc. Tous ces prétextes ne tiennent pas debout. Ils ne sont que des mystifications visant à cacher la vraie nature de l'administration Thieu et Ky, à cacher sa résignation qui consiste à accepter la servitude devant les impérialistes américains, à brader les droits du peuple et à mépriser la langue nationale. La pratique des vingt années tirée de l'édification de notre système d'enseignement a complètement réfuté tous les arguments invoqués par les fantoches Thieu et Ky.

     Le mouvement des intellectuels et des étudiants du Sud Viet-Nam exigeant l'emploi du vietnamien dans les écoles supérieures est la manifestation de leur patriotisme et de leur refus de la servitude.

     Nous approuvons chaleureusement et soutenons entièrement leur juste combat. Avec la lutte armée et la lutte politique de nos compatriotes du Sud, celle menée par les étudiants contribuera certainement à vaincre le régime antipopulaire, antinational de Thieu et Ky et de leurs maîtres, les agresseurs américains. Et dans un avenir non éloigné, notre langue vietnamienne si riche et si belle ne manquera pas de devenir la langue officielle de toutes les écoles du Sud Viet-Nam.

                                                                     (extrait de « Le vietnamien et l'enseignement                                                                       supérieur en vietnamien dans la R.D.V.N. »                                                                       Hanoi, 1968)

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(1)    Langue vietnamienne écrite.
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(2)    La Conférence de Honolulu, un conseil de guerre, fut tenue en février 1966, sous la présidence de L.B.  Johnson, président des Etats-Unis, pour          chercher les moyens d'intensifier la guerre d'agression au Sud Viet-Nam.
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(3)    Voir la revue Littérature et Arts, Hanoi, n° 148 du 25 février 1966.
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                 revue culturelle maghrébine en langue arabe (mensuelle)
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         au sommaire du premier numéro

                                            — Le 1er Mai 71 au Maroc
                                            — Le problème agraire au Maroc
                                            — La question palestinienne dans l'hebdomadaire
                                                                                        « Palestine »
                                            — La solution démocratique du problème palestinien
                                            — Les leçons de la lutte du peuple vietnamien
                                            — « Sous-développement » et « Tiers-Monde ».