les îles de sao tome et principe

pp. 59-60


     L'archipel de Sao Tome et Principe fait partie d'un ensemble volcanique qui, prolongeant le continent, culmine aux Monts Cameroun. Il est situé dans le Golfe de Guinée. La superficie de l'ensemble est de 996 Km2.


POPULATION :


     70.000 habitants. Elle est composée de :

     1. Affranchis : descendants des anciens esclaves libérés ;
     2. Angolares : descendants des Angolais venus sans doute de quelques régions du littoral, au XVIème siècle ;
     3. Tongas : fils des esclaves nés dans les plantations ;
     4. Travailleurs esclaves en provenance de l'Angola, du Mozambique et du Cap-Vert.

     Il y a environ 1.152 Portugais et 4.300 métis.


ECONOMIE :

     1. Production : cacao, café, oléagineux.
     2. Agriculture : les grandes plantations représentent le noyau central de la vie agraire de l'île liée à l'exploitation de cultures rentables. Elles occupent 93% de la surface cultivable.


     Douze compagnies agricoles exploitent l'agriculture à Sao Tome et Principe ayant leur siège à Lisbonne. Les petites propriétés des autochtones sont cantonnées au nord-est de l'île. Elles occupent à peine 7 % de la superficie cultivable et abritent 52 % de la population autochtone.

     3. Industrie : Dans le champ d'action des entreprises agricoles, elles se destinent à préparer les produits pour l'exportation (cacao, café et oléagineux). Les autres petites industries existantes se situent, pratiquement au niveau artisanal et se destinent à satisfaire la consommation du marché local.

SANTE :


     Assistance médicale à Principe : il y a un hôpital régional, un dispensaire, un médecin et six infirmiers.

     Assistance médicale à Sao Tome : un hôpital central, installé dans un vieil établissement qui ne possède pas le minimum de conditions indispensables pour des soins efficaces. Le service de psychiatrie rappelle les anciennes prisons, et la léproserie est une espèce de sanatorium où les malades, patiemment, attendent la mort.

EDUCATION ET INSTRUCTION :


     Enseignement primaire : 26 écoles ; élèves inscrits : 4.540.

     Enseignement secondaire : 1 lycée ; élèves inscrits : 350.


HISTORIQUE :

     L'arrivée des Portugais dans l'île de Sao Tome date de 1470. Quinze ans plus tard, Joao de Paiva, à qui le monarque portugais avait fait don de l'île, part avec le premier noyau de colons, munis de privilèges qui comprennent celui de « pouvoir faire du commerce, sur la terre ferme, sur les cinq rives oui sont au-delà de la forteresse de Sao Jorge da Mina ». Grâce à sa situation privilégiée « au milieu de l'Atlantique, aussi libre que possible du voisinage difficile de la côte », une base ou port de passage pour le commerce des esclaves se constitue.

     Le premier cycle économique de l'archipel sera dominé par le commerce des esclaves et la culture de la canne à sucre, introduite en 1501. La culture de la canne à sucre baisse dans la seconde moitié du XVIIème siècle. En 1601, commence l'exode des planteurs vers le Brésil. Le développement de la culture de la canne à sucre dans cette partie du continent américain, les invasions des corsaires étrangers et le climat social créé par les révoltes successives des esclaves, conduisent l'économie de l'île à la décadence.

     L'agriculture connaît une longue période de stagnation ; elle se limite aux cultures vivrières (maïs, manioc, légumes et fruits). Le commerce vit de l'esclavage et l'archipel fonctionne comme port de ravitaillement des navires qui se dirigent vers l'Amérique et l'Inde.

     Au début de XIXème siècle, nous trouvons l'île avec une population réduite dans laquelle l'élément prépondérant est fourni par les descendants des Portugais.

     La renaissance économique de l'île va être provoquée à partir de 1800 par l'introduction du café et du cacao en 1822. Un nouveau cycle commence, phase aiguë de la lutte pour la possession de la terre et l'acquisition de grands profits.

LA RESISTANCE NATIONALE :

     La résistance populaire à la présence portugaise date du temps de l'esclavage. Soumis aux durs travaux dans les plantations de canne à sucre privés de toute liberté, les esclaves n'ont pas accepté le rôle passif que la colonisation leur imposait.

     En 1530 surgit le premier soulèvement dirigé par Yon Gato, vieux et aveugle. Mais le plus connu est celui qui a été dirigé par l'esclave noir Amador. Profitant des conflits qui existaient entre l'évêque et le gouverneur, Amador déclenche une révolte, libère les deux-tiers de l'île, s'en proclame le roi et la maintient sous son contrôle pendant près d'un an. L'émancipation des esclaves n'est qu'éphémère ; mais leur défaite, qui les force à se réfugier dans la forêt, ne donne pas aux Portugais le droit à la tranquillité, ni ne marque la chute de l'enthousiasme pour l'action libératrice. Réunis en « quilombos » ils se lancent fréquemment dans de nouvelles tentatives. Ce n'est que plus tard, au bout de trois cents ans, qu'ils sont vaincus.

     C'est à partir de 1947 que se révèle une prise de conscience politique. Les problèmes locaux commencent à être situés dans leur véritable contexte.

     Le contexte historique et géographique de cette période a permis un long mûrissement.

     Le gouverneur réagit avec violence. Il crée un état d'exception, complètement arbitraire, pour attaquer les éléments les plus connus parmi l'élite du pays.

     Le massacre de Batepa perpétré le 3 février 1953 et qui a fait plus de 1.000 victimes, a fourni les éléments d'une première prise de conscience collective et a établi la nécessité d'une action coordonnée entre les autochtones de l'archipel et les travailleurs esclaves.

     Dans le contexte actuel de la lutte armée qui se déroule sur les trois fronts d'Angola, de Guinée et du Mozambique, ces îles n'ont pas échappé à la vigilance répressive du colonialisme portugais. Non seulement l'effectif des forces armées installées sur le territoire s'accroît, mais encore la PIDE a jeté en prison un grand nombre de nationalistes.

     C'est pour traduire les aspirations du peuple de cet archipel à déterminer librement son destin que s'est constitué en septembre 1960 le Comité de libération de Sao Tome et Principe (CLSTP).

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                           Vient de paraître


                           Joao MENDES


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