ahmed cherkaoui

pp. 44-47


né le 2 octobre 1934 à Boujad.

 

1959                         Diplômé de l'Ecole des Métiers d'Art, Paris.


1960                         Fréquente l'atelier d'Aujame à l'Ecole des Beaux-Arts de
                                 Paris.


1961                         Boursier dans le cadre des échanges culturels maroco-polonais.
                                 Etudie un an à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie.
                                 En juin, avant son départ de Varsovie, exposition à la galerie Krzwe-Kolo.
Août                         Participation au Salon d'Automne de Casablanca.
Novembre                Exposition au Goethe-Institut de Casablanca.
Octobre                    2e biennale des Jeunes à Paris.


1962
Février-mars             Exposition à la galerie Ursula Girardon ; préface
                                de Jean-Clarence Lambert.
Avril                         Exposition « Peintres de l'Ecole de Paris et peintres
                                marocains », organisée par Gaston Diehl à Rabat.
Mai                          invité au Salon de Mai, Paris.
Octobre-Novembre Quelques-unes de ses œuvres sont présentées à la Galerie la Hune à Paris.
                                « Ecole de Paris 1962 », Galerie Charpentier.
                                Xe Salon Interministériel, Médaille de bronze, Paris.


1963
Mars                        Sélectionné au Musée d'Art Moderne de Paris
                                (20 peintres étrangers).
Mai                          Invité au Salon de Mai.
Juin                          Exposition à la Galerie Charpentier « 2.000 ans d'Art au Maroc ».
                                Exposition « Formes et couleurs », Casablanca.

Août                        Exposition à la Galerie « Rue de Seine » à Casablanca.
Octobre                   3e biennale des Jeunes à Paris.
Novembre               Exposition « Autour du Jeu » Galerie Ursula Girardon, Paris.
Décembre               Exposition « Rencontre Internationale », Rabat.


1964
Janvier                    Exposition avec Masson, Michaux, etc... à la Galerie
                               du Fleuve « Petits Formats ».
Avril                       Exposition « Action et Réflexion » avec Bissière, Hartung, etc... Galerie A. Paris.
Juin                         Tokyo, exposition « Du labyrinthe à la chambre d'amour »
                               organisée par Jean-Clarence Lambert.
                               Exposition Inter, Alger.
Octobre                  Galerie Jeanne Castel, Paris.
Décembre               Exposition « L'Art au Village », Lyon.


1965
Mai                         Invité au Salon de Mai, Paris.
Juin                         Exposition. Suède, Karlstad.
                               L'Art actuel au Maroc, Palacio de Cristal del Retire, Madrid.
Septembre              Exposition personnelle à Casablanca (1).


Mort à Casablanca le 17 août 1967.

                                                                                   note sur l'œuvre d'Ahmed Cherkaoui

 

     La mort prématurée d'Ahmed Cherkaoui impose pour le moment des limites à une analyse de son activité. Car, pour pouvoir la situer objectivement et dans ses justes proportions dans le contexte de ces dix dernières années de la peinture marocaine, il faudra toute une série de recherches, tant sur le plan de ses idées que du point de vue de son travail.

     II est cependant possible, au-delà des considérations personnelles et des analyses historiques qui seront sans doute abordées dans le futur, de présenter brièvement son œuvre. Cela nous semble nécessaire, à la fois pour offrir au lecteur un élément de référence, pour mieux compléter sa documentation plastique, et aussi parce que l'existence de la peinture d'Ahmed Cherkaoui représente un fait historique dont nous sommes conscients.

     En 1961, il a exécuté en Pologne une série de tableaux (peinture sur jute et collage) d'où se dégageait une recherche lyrique et poétique, intelligemment contrôlée et par moments austère et pudique (la même pudeur qu'il avait admirée chez P. Klee et M. Ernst) ; par là, il rejoignait certaines des préoccupations plastiques de ce que l'on appelait à ce moment l' Ecole de Paris. Cette rencontre eut lieu sur le plan de la sensibilité chromatique et de l'expression de la matière. ;

     Cherkaoui fut alors attiré dans une expérience esthétique assez dangereuse : l'influence du charme facile de la peinture informelle des années 50 et l'ambiguïté des théories « matériques » parisiennes (jamais, aussi radicales et courageuses que celles développées en Espagne ou en Amérique), qui me semblent avoir mal canalisé ses recherches. Ainsi, ce qu'il y avait dans sa peinture de physique, de « charmant » et de décoratif fut accentué au détriment de toute une force intellectuelle et une curiosité plastique qu'il renferma en lui-même pour quelques temps.

      D'où la série des collages de gaze et des petites gouaches, intimes et précieuses, trop faciles à comprendre et trop faibles pour la poursuite d'une investigation exigeante.

             Ce travail avait du succès. Ce travail continua.

     Cependant, Cherkaoui prit graduellement conscience de l'impasse vers laquelle se dirigeait son travail. Et il reconsidéra tout ce qu'il avait renfermé en lui-même : la curiosité pour le signe et le symbole, la vitalité des formes, l'espace amplifié, les couleurs solides. Tout cela fut accentué par une nostalgie croissante du Maroc, de son art, de ses traditions plastiques et de leurs implications psychologiques.

     Cette mise en question fut instinctive et intellectuelle à la fois. Une activité binaire, parallèle, presque « schizophrénique » caractérise cette crise. Il était en effet encore engagé dans son activité de peintre de petites « toiles charmantes » quand il s'extériorisa dans toute une série de toiles de grandes dimensions (2).

     Dans ces toiles (certainement les plus importantes et intéressantes de son œuvre), il simplifia graduellement le fond pour accentuer l'importance du signe-personnage.

     Ces signes — larges, forts, solides — concentrent finalement l'attention et attirent toute la vibration chromatique (dispersée et efféminée dans les gouaches) qui devient sûre et frappante dans ces tableaux. Le fond, qui au début était sombre (bleu, vert), s'éclaircit, devient blanc, jaune, lumineux et transparent. Ce n'est plus un amalgame informes mais un espace, ou une série d'espaces superposés, terriblement vrais.
                                                                              t. maraini


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(1)   Nous n'avons pas pu nous procurer le calendrier des activités et expositions d'Ahmed Cherkaoui concernant les années 1966 et 1967.         
       
Nous avons reproduit ici les éléments biographiques et la chronologie contenus dans le catalogue de l'exposition que le peintre a         
        organisée en septembre 1965, à  Casablanca
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(2)   Œuvres non exposées encore au Maroc.
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